L'Angleterre a une nouvelle fois souffert, elle a à nouveau douté et peiné en attaque avant de trouver l'ouverture dans les dix dernières minutes contre Trinité-et-Tobago (2-0). Mais face à une équipe bien regroupée sur son bloc défense, elle a su se reposer sur ses basiques pour aligner dans la douleur une deuxième victoire consécutive et devenir le troisième qualifié pour les huitièmes de finale. Une tête du géant Peter Crouch sur un centre d'école de David Beckham (83e) puis une frappe en pleine lucarne de Steven Gerrard (91e) ont permis aux supporters anglais de se lancer dans leur deuxième «God Save The Queen» de la rencontre, à Nuremberg.
Owen transparent
Le premier chant entonné dès la demi-heure de jeu n'avait rien d'une proclamation de confiance. Incapables de créer le rythme du match, les hommes de Sven-Goran Eriksson rentraient même au vestiaire sous les huées du public. Si les deux Cole (Ashley et Joe) combinaient bien sur le côté gauche, leurs centres cherchaient trop systématiquement le grand Peter Crouch (2m00), pas très en réussite, sur une reprise au deuxième poteau détournée en corner (16e) comme sur une volée aux 6 mètres totalement hors du cadre (43e). Deuxième attaquant, Michael Owen restait aussi transparent que contre le Paraguay, ne devant sa titularisation qu'à l'état de forme encore précaire de Rooney. Comme au premier match, les milieux de terrain prenaient leurs responsabilités. Frank Lampard et Steven Gerrard n'hésitaient pas à déclencher leurs frappes alors que David Beckham n'arrivait pas à régler ses coups de pied arrêtés. Son ex-coéquipier de Manchester United, Dwight Yorke, repositionné en milieu relayeur, ajustait au contraire ses centres pour créer le danger sur les buts d'un Paul Robinson toujours aussi peu rassurant. Sur deux corners, Stern John manquait d'ouvrir le score à l'occasion des quelques incursions des Caribéens dans le camp adverse (37e, 43e).
Rentrée discrète de Rooney
Malgré les approximations de ses joueurs, Sven-Goran Eriksson n'a jamais dévié de son schéma tactique au cours des 90 minutes, cherchant le salut en écartant le jeu au maximum sur les ailes. Cette approche a d'ailleurs été confirmée par son coaching. Plus que l'entrée de Rooney, acclamé par son public (59e), l'issue du match a été préparée par les deux ailiers remplaçants Lennon à droite, et Downing à gauche, qui écartaient et éreintaient la défense trinitéenne. Face à un bloc toujours plus bas, Lampard se transformait en troisième attaquant et se créait une série d'occasions (frappe au dessus à la 74e, tir dans les bras d'Hislop à la 78e). Le salut anglais venait d'une nouvelle incursion sur le flanc droit. Auteur jusque là d'un match discret, David Beckham adressait un centre enroulé au deuxième poteau pour la tête de Crouch qui catapultait le ballon dans la lucarne. Epuisés physiquement et moralement, Yorke et ses coéquipiers étaient assommés par Steven Gerrard qui doublait la mise d'une frappe enroulée dans la lucarne. Mais cette splendide réalisation ne cachait pas le manque de rythme et les faiblesses offensives que l'équipe devra compenser d'ici le prochain tour. A.T.